Art et identités en mutation : résidence dans les Landes

dossier de presse residence d’artiste Philippe Faure 2016

L’EPLEFPA des Landes accueille cette année l’artiste Philippe FAURE, pour une résidence de médiation autour des arts numériques. Trois sites engagés (Dax, Mugron et Sabres), des élèves et apprentis mobilisés sur temps scolaires et péri-scolaires, des partenaires du territoire associés à cette résidence : c’est un parcours autour de la culture-maker, des nouvelles technologies et de l’identité que l’équipe pédagogique et l’artiste ont co-construit. Cette résidence s’inscrit dans le dispositif Écritures de Lumière porté par la DRAC, le FRAC Aquitaine et le CRARC.

Plongée dans la culture-maker et le Web 2.0
Le Web 2.0 est à la fois une philosophie et une évolution du Web. Les interactions et échanges entre utilisateurs sont au centre des technologies déployées, travaillées pour une plus grande facilité d’utilisation. Il s’agit donc de rendre accessible ce qui existe (outils, contenus) avec plus de simplicité. C’est le Web des médias sociaux, le Web interactif… et créatif.
Philippe FAURE inscrit son travail dans cette dynamique. Dans ses installations, il utilise des interfaces visuelles et sonores appuyées sur des technologies mobiles, des logiciels libres. Proche de la culture-maker (ces tenants du Do It Yourself fondus de technologies et de leur partage), l’artiste manipule impression 3D, scanner, caméra 360°. Il joue avec la réalité – ses frontières, ses mutations – pour bâtir des réalités virtuelles, dans lesquelles il interroge les liens entre numérique et identité, et entre numérique et nature.
Au cours de l’année, élèves et apprentis sont donc invités à plonger dans cet univers lors d’ateliers et de rencontres avec l’artiste. Philippe FAURE partage les outils qui sont les siens, parle des habitudes et pratiques des jeunes avec les médias sociaux, et encourage l’invention, l’essai, le bug, la manipulation, la création.

Expérimenter, numériser, créer
Le terreau initial de cette résidence : l’éducation artistique et culturelle – rencontrer un artiste, rendre sensible son travail et partager une expérience de création. A Sabres, Philippe FAURE travaille avec une classe de terminale bac pro du Lycée, et une classe d’apprentis du CFA forestier. Il mobilise avec les jeunes des technologies qui perturbent notre rapport à la réalité (caméra 360 degrés, casque de réalité virtuelle), pour s’intéresser avec eux aux rapports qu’entretiennent nature et technologie numérique. A Mugron, ce sont les classes de seconde SAPAT et BTSA DATR qui ont collaboré avec l’artiste. Aux élèves de seconde SAPAT, Philippe Faure a demandé de travailler avec les classes de maternelle, pour modéliser leurs doudous en 3D (pour voir le tumblr correspondant, c’est ici). Les BTSA DATR ont travaillé sur le lien entre image de soi et identité numérique. Vous trouverez ici le tumblr développé par la classe.

Photographie réalisée avec les BTS DATR du Lycée de Mugron

Photographie réalisée avec les BTSA DATR du Lycée de Mugron

Farandole de doudous 3D

Plusieurs doudous imprimés en 3D après avoir été modélisés par les élèves de Seconde SAPAT

Au lycée de Dax, Philippe FAURE rencontre des élèves sur temps scolaire pour une discussion autour des nouvelles technologies, de leurs possibles, et de son travail. Il travaille également avec des élèves volontaires sur temps extra-scolaires, pour bâtir avec eux une fresque imprimée figurant des avatars d’élèves de l’établissement (fresque qui sera affichée au foyer des élèves). Pour voir le tumblr correspondant, c’est ici.

Issu d'un travail avec les 1STAV du Lycée de Dax

Issu d’un travail avec les 1° STAV du Lycée de Dax

Travail issue de l'atelier avec l'ALESA du Lycée de Dax

Travail issu de l’atelier avec l’ALESA du Lycée de Dax

Enfin, sur le site de Sabres, l’artiste a travaillé avec deux classes en intégrant leur cœur de métier : la foresterie. Avec la classe de terminale bac pro Forêt, des happenings ont été filmés à 360° dans des espaces naturels. Les jeunes, équipés de casques de réalité virtuelle, miment une action virtuelle propre à leur future profession. Le second groupe, des apprentis en bac pro Forêt, ont eux travaillé sur la modélisation 3D. Ils ont conçu puis modélisé des pots à semis, créés et pensés pour accueillir des pins des Landes, qui pourront être directement plantés en terre. Les pots ainsi modélisés ont été imprimés en 3D.

Travail autour de la réalité virtuelle, filmé en 360°, avec les terminales Bac Pro Forêt de Sabres

Travail autour de la réalité virtuelle, filmé en 360°, avec les terminales Bac Pro Forêt de Sabres

Au premier abord, les élèves semblent très à l’aise avec l’outil (ordinateur, caméra, tablette, logiciels de sculpture 3D…) et se sentent rapidement en maîtrise. Arrivent alors des idées, des bugs, des contraintes : l’imaginaire s’active, Philippe FAURE est appelé à la rescousse, le dialogue se crée. L’occasion d’aborder des notions qui lui sont chères : l’accessibilité, l’autonomie, le nomadisme (une clé USB et une tablette comme outils « de base » pour imaginer et fabriquer). L’occasion aussi d’interroger ce qu’est une œuvre, ou le statut de l’artiste.

Identités et altérités, réalité débridée
Au cours des ateliers, les notions d’hybridation, de mutation apparaissent progressivement. D’un buste d’élève scanné en 3D émerge un être aux proportions étranges. La personne que l’on (re)connaissait disparaît, est réinventée, pour laisser la place à un personnage sculpté qui fait l’objet de récits autour de son identité nouvelle. Humain augmenté, parfois même humain dépassé : l’écran reflète la part d’altérité, le possible avatar.
L’écran peut aussi proposer une réalité augmentée, en recomposant à partir de captations du réel une perception nouvelle, hybride, surprenante.
Saisir la réalité et la/se transformer, (se) jouer des technologies : Philippe FAURE accompagne les jeunes à dépasser l’artefact pour toucher au sensible, au lien ténu entre réalité et fiction, à ce qui fait la part d’humanité et de création.

Un projet fédérateur
Les arts numériques interrogent nos rapports aux médias et aux technologies, sujet complexe et pourtant récurrent dans les échanges avec les jeunes. Philippe FAURE, dans son approche à la fois technicienne et esthétique de l’art, s’est fait l’interlocuteur idéal en brouillant les frontières pour générer de nouveaux territoires de création et de discussion.
Inscrite dans le dispositif Écritures de Lumière, cette résidence en terres landaises s’est co-construite dans un dialogue fructueux entre les équipes pédagogiques et l’artiste, engagé plusieurs mois avant son commencement. Les temps de création et de médiation, la présence de l’artiste dans les établissements sont un élément de culture commune pour les apprenants et les personnels de l’EPLEFPA des Landes.
Dans un temps scolaire sans cesse bousculé, la présence de l’artiste impose un rythme différent, et fonde un espace/temps de respiration, et d’expérimentation de la liberté.

Écritures de Lumière est un dispositif coordonné au plan régional par le FRAC Aquitaine, et par le CRARC pour le département des Landes. L’action est réalisée avec le soutien de la DRAC, de l’EPLEFPA des Landes et du Conseil Régional.

Pour en savoir plus :
Le site web de Philippe FAURE : http://www.philippefaure.net
Le site Web du FRAC Aquitaine : http://www.frac-aquitaine.net/écritures-de-lumière
Nathalie RAYMOND, enseignante d’ESC au LPA de Mugron
dossier de presse résidence d’artiste Philippe Faure 2016

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